Patrimoine
6 mars @ 14:00 – 26 avril @ 19:00
Louvre 3, pour ne prendre que cette exemple, offre une accumulation de vues, d’espaces peuplés d’œuvres peintes connues ou oubliées. Dans ces collages, réalisés avec les dernières technologies, la saturation conduit à une sorte d’hallucination. Ce « réel » n’existe pas. Toute la composition le proclame. Mais cette saturation s’affirme avant tout en tant que collection hors norme de l’ensemble des productions artistiques stockées dans ces lieux. En ce sens cette oeuvre n’est pas sans évoquer la fameuse Bibliothèque de Babel de Jorge Luis Borges imaginant une bibliothèque renfermant toutes les possibilités de livres anciens ou à venir. Dans cette œuvre de Jean-François Rauzier (comme dans nombre d’autres), la saturation tient lieu de labyrinthe où l’esprit doit se perdre avant de comprendre que la totalité de ces détails – ce fourmillement visuel – n’est finalement que le portrait symbolique de nous-mêmes, de notre rapport à la mémoire et évidemment au passé. Ce que présentent ces œuvres ce sont bien des collages immenses de fragments, de choses distinctes, presque des archipels de signes et de symboles, refusant les certitudes dogmatiques. Là réside l’astuce de cet artiste. Alors que l’on pense être face à une collection habile de morceaux de la culture, l’accumulation s’affirme comme une célébration de l’imaginaire fait de trajectoires, d’audaces, d’itinéraires qui se succèdent ou se contrarient mais surtout, à la manière d’une trame, comme une totalité suffisante du monde.
Damien Sausset