Rien ne s’affirme en premier. Architectures ? Foules des animaux ? L’œil ne sait trancher, perdu dans la multitude des détails, cherchant en vain les supercheries du travail effectué sur logiciel. Il en est de même pour les foules, ces amas d’animaux. Mais avec subtilité, Jean-François RAUZIER joue de notre empathie. Ces animaux, nous ne pouvons que les aimer, les choyer des yeux. Ils sont en négatif ce que nous sommes : foule de poulets, de lions, de singes etc… Sans jamais l’affirmer, l’artiste convoque cette longue tradition qui depuis l’antiquité prête aux humains les qualités des animaux et dont l’apothéose se retrouvait dans l’art du XVIIIème et XIXème siècle. Telles des fables contemporaines, ces images seraient alors les contes moraux d’une humanité en manque de repères. Mais on pourrait tout autant voir ces foules comme la révolte ultime et sans espoir du règne animal contre l’humain, occupant les lieux même de son pouvoir : les villes. Ces images seraient alors l’ultime défilé du règne du vivant, l’ultime parade avant la disparition d’un univers condamné.

Damien Sausset – Critique d’art