Jean-François RAUZIER prend le parti de nous parler de notre monde, ici et maintenant, dans sa cruelle beauté et sa somptueuse déliquescence. En y regardant de plus près, l’art de cet artiste vient de bien plus loin et tente finalement d’actualiser un genre souvent jugé moribond : le baroque. Or, le baroque, et cela dès l’époque classique, sert à caractériser un art de l’équivoque, de la dislocation et de la transformation. Il professe qu’une image seule, ne dit plus rien. Construire à partir de fragments de villes de nouvelles tours de Babel, composer des foules impossibles en attente, imaginer des bibliothèques ou musées à la Borgés, constituent autant d’actes ou le réel est soumis au jugement de notre imaginaire, comme convoqué devant le tribunal de notre émotion. Le baroque de cet homme est donc enchanteur, riche de promesses, de visions hallucinées et bariolées. 

Damien SAUSSET – Critique d’art