Après avoir parcouru la ville et avoir recueilli plusieurs dizaines de milliers d’images, je reconstitue ses rues et monuments de manière bien frontale, comme s’ils étaient visionnés à une distance suffisante, comme les vues en élévation d’architecture. Je les assemble alors en lignes qui seront posées les unes au-dessus des autres, l’échelle de chacune étant réduite très progressivement de façon à ce que l’œil perçoive une perspective acceptable bien que fausse, car cette diminution doit se faire le plus lentement possible afin que les bâtiments du fond soient encore les plus lisibles possible et que la distance ne réduise pas trop la taille. De même, contrairement à la réalité, les bâtiments sont à peine occultés par ceux qui les précèdent. Nous sommes dans une vue en perspective axonométrique, impossible à obtenir par une vue aérienne mais chère aux architectes comme le Vénitien Vanni Battista Belluzi (c’est pour cela que j’appelle ces œuvres Védute) et reprise par le mouvement du Bauhaus et d’autres comme Le Corbusier. […] J’ai réalisé à ce jour, plus d’une quarantaine de Vedute de villes différentes. Il est intéressant de les comparer. Loin de céder à cette uniformisation que l’on attend de la mondialisation, et bien qu’élaborées de la même façon, chacune se distingue des autres. Chaque détail les différencie : mobilier urbain, balustrades, ferronneries, portes…

Jean-François RAUZIER